samedi 19 décembre 2015

Madrid - Jour 1

Nous sommes arrivés à Madrid ce vendredi à 11h avec les camarades de ProJeuneS. Notre présence dans la capitale espagnole s'inscrit dans le cadre d'une démarche associative visant à promouvoir notamment auprès de la jeunesse de la Fédération Wallonie-Bruxelles un débat sur les luttes sociales et les alternatives politiques en Espagne. Le projet se situe clairement dans la continuité du travail autour de la rencontre que nous avions concrétisée, dans la même ville, en 2011 avec le mouvement social historique qu'a été celui des "indignés". Nous avons voulu revenir à Madrid, plus de 4 ans après, pour prendre la mesure des perspectives sociétales ouvertes par cette lutte de la jeunesse espagnole et sa traduction politique possible à l'occasion des élections générales de ce dimanche.

Il faut se rappeler que la révolte initiée par ces milliers de jeunes qui occupèrent la Puerta del Sol de Madrid, ainsi que d'autres places dans divers lieux de l'Etat Espagnol, était dirigée tant à l'encontre des banques, sauvées par les pouvoirs publics, mais impitoyables avec les nombreuses personnes qui n'arrivaient plus à assumer leur crédit hypothécaire, que de la classe politique du pays. Un des slogans les plus scandés à l'époque à la puerta del sol était "No nos representan" (ils ne nous représentent pas). Il est vrai que nous étions à l'époque à la fin du dernier mandat du Premier Ministre Socialiste Zapatero, qui avait initiée une politique d'austérité conséquente suite à la crise des dettes souveraines. Outre par les dégâts causés par ce choix politique impulsé par les dirigeants de l'UE, l'indignation de la jeunesse était nourrie par le sentiment que l'alternative existante au PSOE était le Parti Populaire (PP), dont on savait que la victoire électorale amènerait inévitablement encore d'avantage d'austérité. La nuance assez ténue entre politiques menées par la gauche et la droite dites de gouvernement, réalité qui soit dit en passant est loin d'être spécifique à  l'Espagne, avait engendré un grand rejet de ce que les jeunes indignés appelaient le "bipartisme", renvoyant dos à dos PSOE et PP.

Quatre années ont passé. Le PP a remporté les élections et a effectivement poursuivi et accentué l'austérité. Les indignés n'occupent plus la Puerta del sol mais le "Bipartisme" semble être en voie d'extinction. Deux nouvelles formations politiques sont pratiquement au coude dans les sondages avec PP et PSOE. L'une d'entre elles, Podemos, est porteuse de différentes revendications issues en ligne directe des indignés. 

Durant les 4 jours de mission à Madrid plusieurs vidéos seront tournées dans différents lieux de rassemblement ainsi que des interviews de différents acteurs sociaux et de citoyens lambda. Le produit de ce travail sera ensuite mis en forme et servira de base à des discussions avec des jeunes, en Belgique, sur la situation en Espagne.

Dans l'après-midi, nous avons été rencontrer l'un des porte-paroles de la Plateforma de afectados de la hypoteca (PAH). Il faut savoir qu'il y a jusqu'à 500.000 espagnols qui n'arrivent plus assumer leur crédit hypothécaire et qui sont sous le coup de poursuites judiciaires qui peuvent déboucher sur la saisie de leurs biens et l'expulsion de leur logement. Le militant nous explique qu'à l'instar de ce qui s'est passé aux États Unis avec les subprimes, les banques espagnoles ont sciemment accordé des crédits hypothécaires en sachant que  leurs clients auraient énormément de difficultés à les rembourser. L'actualité sociale espagnole a été émaillée ces dernières années d'incidents dramatiques avec des expulsions de familles entières qui n'arrivaient plus à rembourser leurs prêts. Ce qui avait fait émerger différents mouvements sociaux pour s'y opposer. La nouvelle maire de Barcelone en est d'ailleurs issue. Le porte-parole nous a fait part de sa déception quant l'action menée jusqu'à présent sur cette problématique-là, tant au niveau la mairie de Barcelone que de celle de Madrid, qui est également dirigée depuis quelques mois par une majorité de gauche. De manière plus globale, il a regretté que certains activistes de ces luttes contre les expulsions et les saisies immobilières sont passés dans des partis politiques et semblent oublier d'où ils viennent.

Nous avons également été à la rencontre des animateurs de "Agora Sol Radio", une radio auto-gérée qui émet sur Internet. Elle avait été créée par les indignés de la Puerta del Sol à l'époque du mouvement. Cette radio diffuse une programmation alternative et militante. Les animateurs ont insisté sur leur indépendance par rapport à tous les partis politiques en ce compris Podemos.

En début de soirée nous nous sommes rendus à l'activité de clôture de campagne de Podemos. L'ambiance était très détendue et familiale. Nous avons réalisé des prises d'images et de sons. Les militants avec lesquels nous nous sommes entretenus nous ont fait part de leur optimisme par rapport aux élections de dimanche et aux possibilités de changement dans le pays.



















Projet réalisé avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles

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